La salle était plongée dans le silence et l’obscurité. Quelques trente pieds sous terre, l’oxygène se faisait rare, et dans l’ombre, seuls des vers et autres répugnants invertébrés rampaient et dévoraient les livres et les concoctions absorbées par la terre et le sable. Puis, une sphère plus sombre que le vide apparut et grandit au centre de l’unique pièce — les murs ayant depuis longtemps laissé place à la poussière qui emplit les poumons du visiteur. Un faible grognement résonna à-travers le frottement des corps huilés de bave et la faune locale déguerpit promptement dans la terre.
Une voix à la fois exaltée et agacée rompit finalement le quasi silence qui avait emplit les derniers siècles : « Et merde, on y voit rien ici! » On craqua une allumette, mais elle s’éteignit bientôt après avoir épuisé les derniers résidus de comburant. « Bon, j’ai compris… Mm… où est-ce que je l’ai mis ? Ah, trouvé! » Dans les ténèbres, une lumière jaillit. Elle émanait de l’extrémité d’un bâton de quelque métal à la texture agréable, que le temps avait rendu fade sans le rouiller. « Il te manque un peu de jus, n’est-ce pas Janvier? Bah… on trouvera bien! »
Il fit les cents pas à-travers la pièce, tentant de calmer ses courbatures, sans succès. Puis, son regard se tourna vers le squelette d’un rat mort. Il lui manquait une dent et dans le creux où elle aurait dû se trouver, un étrange symbole était gravé -- or, un oeil expert aurait rapidement reconnu un “J” comme on l’avait calligraphié autrefois. « Ah, Tomas, content de te revoir vieille branche. Tu n’as pas changé, dis-donc! » Et il mit le cadavre immaculé dans la poche de son veston.
Dans les décombres, il récupéra une tasse et une boîte contenant des sachets de consistance suspecte. De l’apex de son bâton coula un peu d’eau bouillante et, bientôt, il sirotait une tasse de thé. « Dommage que ça n’ait pas plus de goût que cela. » Il médita, tranquille, en observant ces lieux qui étaient autrefois siens. Puis il commença à s’ennuyer. « Oh, Janvier, il ne te reste qu’une charge, n’est-ce pas? J’imagine que ça devra suffire. »
Il pointa sa cane vers le plafond et les trente pieds de terre au-dessus de lui disparurent soudain, comme s’ils n’avaient jamais été là. Sans qu’il bouge un membre, il commença à léviter vers la surface et se posa délicatement. Le précipice avait disparu. On y découvrait à la place un cercle d’herbe verte pleine de vitalité. Un pissenlit avait fleuri en son centre. C’était la seule chose belle en cet endroit. Autour de lui, des arbres décharnés s’entremêlaient vers le ciel. « Voyons comment se porte Nambles ces temps-ci! » À ces mots, il se mit en route vers Fenraar.